Dopage : la politique fédérale

Dans la continuité du travail de prévention des accidents et suivi des des licenciés en général et des sportifs de haut niveau ou apparentés comme tels en particulier (c'est-à-dire les compétiteurs) , la prévention et la lutte contre le dopage a une place particulière.
L’époque de la tolérance est révolue et nous savons à présent que nous rentrons dans le champs d’application de la loi anti dopage.

Au cours des quelques lignes qui suivent nous allons vous présenter la prévention que nous voulons mettre en place. Mais tout d’abord rappelons comment s’applique la loi antidopage dans le monde du vol libre.

Loi

Comme tous les sports reconnus officiellement le Kite et le cerf-volant n'échappent pas au contrôle et cela quel que soit la discipline (snow-kite, mountain board, kitesurf, cerf-volant dans toutes ses spécialités).
Ces contrôles sont organisés et réalisés par l'agence française de lutte contre le dopage créée en avril 2006 qui suit strictement les règles de l'agence mondiale antidopage.
Ces contrôles s'appliquent à tous les sportifs, simples pratiquants, licenciés ou internationaux.
Ainsi ces contrôles peuvent avoir lieu sur toutes les compétitions officielles ou non mais également sur les entraînements, bref partout et n'importe quand. Ils sont décidés par l'agence de façon autonome sans concertation avec notre fédération.

Contrôles

En pratique vous ne pouvez pas vous y soustraire, et le prélèvement de dépistage initial est urinaire. Il est effectué sous le contrôle d'un médecin de l'agence qui prévient quelques heures plus tôt la fédération délégataire du sport (chez nous c'est la fédération française de vol libre via le CNK ou CNCV pour le cerf-volant) et l'organisateur (président du club, organisateur...). En principe et en fonction des possibilités un représentant fédéral doit veiller au bon déroulement du contrôle dans le respect du droit de nos pratiquants.

Toutes les substances prohibées sont détectées qu'il s'agisse des dérivés du cannabis jusqu'à la Ventoline en passant par les corticoïdes et cela jusqu'à plus de huit à douze semaines après la dernière consommation notamment pour le cannabis et ses dérivés.
Les prélèvements sont ensuite acheminés dans un laboratoire certifié par l'agence. Les résultats concernant les licenciés, non licenciés et pratiquants internationaux sont envoyés au bout de quelques semaines au président de la fédération qui diffuse de façon strictement confidentielle et soumise au secret médical une copie au directeur technique national et au médecin fédéral national.

En cas de positivité la fédération transmet les résultats à l'agence française de prévention et lutte contre le dopage qui juge les non licenciés et transmet à l’Agence Mondiale antidopage les dossiers des sportifs internationaux. Concernant les licenciés, la fédération réunit suivant ses statuts une commission disciplinaire qui comporte au moins un médecin, un membre d’un comité directeur fédéral, un juriste licencié à une fédération sportive et d'autres membres non spécifiques mais licenciés et sans rôle fédéral dans un comité ou bureau directeur. Chez nous cette commission qui était extérieure au monde du vol libre vient de réintégrer la fédération avec un ou 2 représentants de chaque discipline. Dans les 10 semaines à dater de la publication des résultats cette commission doit avoir pris connaissance des résultats, des conditions de prélèvement et avoir entendu la version de l'intéressé.

Sanctions

Une sanction est alors prononcée qui peut être renforcée par l'agence française de lutte contre le dopage (les peines vont de l’exclusion pour 1 saison complète de toute manifestation officielle à l’exclusion définitive et des peines de prison). L'intéressé a le droit à tout moment de faire appel de la décision ce qui réunit alors une deuxième commission disciplinaire dite commission d'appel. Là encore il est possible pour le sportif de remettre en cause l'instruction et les décisions de cette commission en demandant un jugement par le tribunal des affaires sportives qui est une juridiction administrative nationale.
L'agence française de lutte contre le dopage peut là encore intervenir pour donner toute information au tribunal et proposer une sanction.

D'une façon générale les sanctions peuvent aller de la suspension provisoire à à la suspension définitive de toute compétition et de tout entraînement de club où d'équipe, assortie d'une amende éventuelle, voire d'une peine d'emprisonnement au cas ou l'enquête montre une participation du sportif dans l'approvisionnement d'autres sportifs en substances prohibées. Toutes ces peines sont assorties avant la reprise éventuelle du sport d'un suivi obligatoire dans un centre apte à l'aide et au suivi des consommateurs de produits de ce type.

 

Prévention

La commission médicale fédérale a décidé de participer de façon très active à la prévention et à l'aide des pratiquants pour éviter des contrôles positifs.

Nous allons renforcer l'information.

Il est important d'insister sur toutes les aides qui existent pour comprendre en quoi l'utilisation de certains produits banalisés comme le cannabis est illicite. D'autres aides existent pour le sevrage et cela de façon tout à fait anonyme et sans aucune conséquence au niveau professionnel, familial et sportif bien sûr.

Nous allons renforcer l'engagement de tous les riders et les compétiteurs de CV avec un engagement personnalisé au respect des règles antidopage lors de l'inscription de chaque compétition mais aussi pour les licenciés lors de la prise des licences ainsi qu'à l'adhésion aux clubs. Pour les finale des championnats de France de kite surf nous allons dès cette année expérimenter la possibilité pour chaque finaliste de se faire dépister anonymement et d'avoir un accès à ses résultats accompagnés s'ils le désirent d'un entretien confidentiel pour évaluer sa situation et lui donner tous les conseils nécessaires.

 

Dans un deuxième temps vers 2007 -- 2008 nous généraliserons un engagement écrit en début d'année ou au renouvellement de la licence à chaque compétiteur. Cet engagement est déjà formalisé officiellement pour toutes les équipes de sportifs de haut niveau au sein des autres disciplines fédérales. Là encore une information sera systématiquement donnée pour une aide éventuelle à la compréhension du problème et au sevrage. Des dépistages seront systématiquement organisés chez les compétiteurs et les pratiquants positifs seront suspendus préventivement de toute participation à des compétitions sur le territoire national ou dans le cadre d'une équipe nationale jusqu'à la prise en charge par les organismes anonymes prévus et leur accord pour la reprise de l'activité sportive de haut niveau.

Cannabis

Il est inutile de rappeler qu’une part non négligeable des membres de notre communauté consomme régulièrement du cannabis.

Sans entrer dans la polémique, pour ceux qui sont des opposants, il faut comprendre que le cannabis a des propriétés intéressantes psychotropes avec une assez faible toxicité immédiate, en tous les cas moindre que certains médicaments psychotropes abusivement utilisés et surtout que l’alcool totalement banalisé à faible dose.

Par contre, comme nous l’avons toujours évoqué, les premières études sur le long terme montrent une incontestable toxicité irréversible cérébrale avec une diminution définitive de certaines performances et de certains mécanismes de régulation de notre «de vivre» si bien que les sujets à risques peuvent être poussés vers la décompensation psychique grave et parfois irréversible.

A ce jour il n’est pas possible d’affirmer les facteurs prédisposants (dose, age, sexe, passé familial et psychologique…). On ne peut donc que conseiller la réduction de la consommation avec au mieux l’arrêt et quelque soit la consommation, la consultation et le suivi pour détecter des troubles précoces.

Alors pourquoi est ce un produit dopant? Tout simplement, en modifiant la perception du danger et en abaissant le seuil de la peur et des inhibitions. Chez les sujets plutôt inhibés cette conduite addictive permet de réduire l’anxiété interne face à une situation à risque et même si il y a en parallèle une réduction de la vigilance, celle-ci est bien moindre chez ces sujets que la réduction de vigilance liée à l’anxiété.
Il y a donc inégalité incontestable de performances potentielles entre celui qui consomme et l’abstinent. C’est à cause de cela que le cannabis et apparentés sont classés dans les substances dopantes.

Traitements médicaux

Un dernier point important, les traitements médicaux nécessités par certains d'entre nous.

Il faut systématiquement demander au médecin traitant la compatibilité du traitement proposé avec l'activité sportive et éviter tous les produits prohibés.

En cas d'impossibilité il existe une procédure pour permettre à un sportif d'utiliser temporairement une substance interdite. La procédure est complexe et nécessite l'étude précise du dossier médical et la constitution d'un dossier pour une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) qui est délivrée par l'organisation mondiale antidopage.

N'hésitez pas à nous joindre mais au moins deux mois avant les épreuves concernées... Certains traitements nécessitent simplement une ATU simplifiée, en particulier les asthmatiques. Renseignez vous dès à présent.

L'équipe médicale fédérale reste à votre disposition pour toutes les questions concernant les substances prohibées et l'augmentation des performances. Toute la documentation nécessaire pourra être utilement consultée sur le site fédéral.

Dr Fr Duchesne de Lamotte, médecin fédéral national kite, président de la commission médicale fédérale